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Pétales de pivoine
Trois pétales de pivoine
Rouges comme une pivoine
Et ces pétales me font rêver
Ces pétales ce sont
Trois belles petites dames
À peau soyeuse et qui rougissent
De honte
D’être avec des petits soldats
Elles se promènent dans les bois
Et causent avec les sansonnets
Qui leur font cent sonnets
Elles montent en aéroplane
Sur de belles libellules électriques
Dont les élytres chatoient au soleil
Et les libellules qui sont
De petites diablesses
Font l’amour avec les pivoines
C’est un joli amour contre nature
Entre demoiselles et dames
Trois pétales dans la lettre
Trois pétales de pivoine.(…)
Guillaume Apollinaire Poème à Lou
Les pivoines
La pivoine, est un genre de plantes à racines tubéreuses, originaire de diverses régions de l’Europe à l’Extrême-Orient, notamment de Chine, où elle est associée à la ville de Luoyang, ainsi que de l’ouest des États-Unis.
Histoire
Etymologiquement, le nom de la pivoine fait référence au médecin des dieux de la mythologie grecque Paeon.
Péon, médecin des dieux et la pupille d’Esculape, guéri les blessures de Pluton à l’aide de racines de pivoine, le dieu, afin d’exprimer la gratitude et à le protéger contre l’envie de ses collègues, lui accorda le don de l’immortalité en le transformant dans une fleur: la pivoine.
Mais contrairement à la légende, ce sont ses racines et non ses graines que l’on utilise, de nos jours, tant en Europe qu’en Extrême-Orient.
La pivoine de Chine millénaire dans son pays, est arrivée en Europe au début du XVIIe siècle grâce au commerce de la Compagnie des Indes. Elle a surtout séduit les horticulteurs européens à partir du XIXe siècle.
Sa longévité (parfois plus de 100 ans) et sa rusticité en font une plante hautement adaptable, même aux rugueux climats d’hiver aux températures négatives. Mais c’est encore à Luoyang qu’elle a trouvé sa plus belle terre d’accueil
Luoyang capitale de la pivoine consacrée Reine de beauté en Chine, la ville en a fait un emblème depuis le VIIe siècle.
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Histoire
Les pivoines sont originaires de Chine, où elles sont cultivées en arbres depuis le VII siècle.
Placée sous protectorat impérial en Chine par Yang Ti (605-618) et déclarée fleur nationale en 1903, la pivoine est importée au Japon vers 700 pour devenir très vite la fleur ornementale de prédilection. Les horticulteurs japonais sont à l’origine de variétés de pivoines aux nuances très pures de rouges sans bleu, de roses alcalins et de blancs immaculés.
Pendant plusieurs siècles, la “reine des fleurs” est très présente dans l’art japonais, sur les porcelaines ou les toiles d’Hokusaï (1760-1849) notamment
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Marco Polo évoquait déjà ces « roses grosses comme des choux », symboles de la richesse et des honneurs, de l’amour et de la beauté féminine.
En Europe, jusqu’en 1787, on connaît ses vertus médicinales mais on reste insensible à ses charmes, avant l’introduction d’une variété ornementale en Angleterre par la Compagnie des Indes.
Peu de temps après, en France, l’empereur chinois offre des spécimens d’une rare beauté à Joséphine de Bonaparte qui, totalement séduite, en fait l’une des fleurs “vedettes” du parc de Malmaison.
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Ce n’est qu’au XVIIIe siècle, par l’intermédiaire des missionnaires, qu’elles commencèrent à parvenir en Occident avant qu’un botaniste autrichien Joseph Francis Rock, ne les réintroduise au début du XXe siècle.
Au XIXe puis au XXe siècle, de grands pépiniéristes comme Victor Lemoine (1823-1911) réalisent des croisements d’espèces botaniques pour obtenir des hybrides de plus en plus sophistiqués et robustes, dont la variété la plus connue aujourd’hui, la « Paeonia Lactiflora », aussi appelée Pivoine de Chine
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La Pivoine
Marchande de pivoines
Au faubourg Saint-Antoine,
Chausse tes gros sabots,
Couleur d’orange et de pivoine,
Et viens sur mon bateau,
Pivoine, pivoine,
Pêcher dans l’eau
Joyeux matelots.
Robert Desnos recueil « Chantefleurs »
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Légende
Une fleur bannie par l’impératrice Wu Zetian
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Cette histoire d’amour entre Luoyang et la pivoine remonte, selon la légende, à l’impératrice Wu Zetian, pendant la dynastie Tang (618-907).
Un jour d’hiver, en train de siroter un thé dans son jardin impérial de Xi’an, alors capitale du pays, elle huma le doux parfum d’une fleur de jasmin. L’impératrice récompensa la fleur, puis envoya un poème à la déesse des fleurs.
Elle y annonçait son retour dans le jardin dès le lendemain, et ordonnait d’ici là, l’éclosion de toutes les fleurs, bien que ce ne soit pas encore le printemps.
En une nuit, son voeu fut exaucé par une centaine de fleurs, toutes sauf une… la pivoine. Wu Zetian bannit donc la rebelle de la ville et la renvoya à Luoyang, ancienne capitale, où la pivoine fleurit à nouveau.
Depuis cette histoire, la ville du Henan en a fait son emblème et est aujourd’hui devenue la capitale de cette Reine des fleurs.
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Utilisations
En parfumerie
La pivoine, à l’arôme floral tendre, est utilisée en parfumerie fine. Elle évoque par certains aspects le parfum de la rose avec des accents végétaux légers évoquant la rosée ou le muguet.
” La pivoine sent la pivoine, c’est-à-dire le hanneton. Par le truchement d’une fétidité délicate, elle a le privilège de nous mettre en rapport avec le véritable printemps, porteur d’odeurs suspectes dont la somme est propre à nous enchanter…”
COLETTE, Pour un herbier, 1948,
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Longtemps considérée comme herbe médicinale son utilisation est attestée dés le IIIe siècle avant JC pour soigner convulsions et autres maladies musculaires.
La pivoine a été apportée de la Chine au Japon, non pas pour ses propriétés horticoles, mais plutôt pour sa valeur médicinale.
Les racines et les graines comme ayant la plus grande valeur, les pétales et les feuilles un peu moins.
En phytothérapie, seule la racine de la pivoine est utilisée. Séchée puis fragmentée, elle est employée en infusion ou en décoction
La substance active contenue par la racine de pivoine est la paeoniflorine. Elle a de puissants effets analgésiques, anti-inflammatoires, antispasmodiques et sédatifs.
Ils sont appréciés pour le traitement des rhumatismes, mais aussi contre les spasmes gastro-intestinaux, certaines aménorrhées et les dysménorrhées, c’est-à-dire des interruptions ou des douleurs pendant les périodes de règles. En usage externe, la racine serait aussi indiquée contre l’eczéma atopique et les douleurs rhumatismales
La toxicité de la Pivoine a été assez vite démontrée quand elle est mal employée d’où la nécessité de s’en remettre aux préparations garanties de la pharmacie officielle
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Lire
« Pivoine » héroïne du roman de Pearl Buck
Pivoine, la petite esclave chinoise, est au centre de ce roman qui évoque avec un talent admirable la vie quotidienne d’une famille dans la Chine d’avant Mao.
…et « impératrice de Chine »
La pivoine symbolise la sincérité.
Une pivoine placée dans un bouquet prouve la sincérité des sentiments évoqués par les autres fleurs. C’est une jolie façon de remplacer un mot par une fleur qui en dit beaucoup plus…
Symbolique Chinoise des pivoines
La pivoine est aussi connue comme la « reine des fleurs », ou la fleur de l’empire et de l’aristocratie. Son surnom est « fleur de la richesse et de l’ honneur »
Des peintures avec des pivoines sont pendues dans les maisons, pour qu’on ait de la chance, et dans le bureau, pour qu’on fasse de bonnes affaires
Anecdote
L’expression « rougir comme une pivoine » est un abus de langage, les pivoines n’étant pas toujours rouges. La fleur est alors associée à la confusion des sentiments.
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Pivoines dans l’art
Henri Fantin-Latour
Félix Ziem
Edouard Manet
Frederik Childe Hassam
Jean Frederic Bazille
Van gogh ……
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Le Pavillon aux pivoines
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Merveille de l’opéra classique chinois c’est une pièce de Tang Xianzu datant de 1598 en cinquante-cinq actes, appartenant au genre chuanqi dans son intégralité il dure près de 20h.
Le rôle principal pour Tamasaburo Bando dans ce Pavillon aux Pivoines
Neuf “épisodes” ou l’on suit une jeune fille de seize ans, Du Liniang qui découvre l’amour ce qui entraînera sa mort.
Il ne s’agit pourtant que d’un songe, lesquels on le sait bien sont les plus dangereux… Si la Promenade, premier tableau laisse penser à un livret un peu mièvre, il en va tout autrement dès la rencontre avec ce beau jeune homme, qui lui promet qu’elle “se mordra les lèvres en tremblant de plaisir (…) avant de jouir de la nuit”. Bigre, le programme est annoncé, aux sons des cloches de bronzes et de ces curieux instruments à cordes.
De quoi laisser la jeune fille se languir puis se consumer jusqu’à la mort, une fois réveillée.
La voix de Tamasaburo qui joue une nouvelle fois une femme est magnifique, évoluant dans un décor fait de grands voiles, magnifié par les sublimes lumières de Tomoya Ikeda.
Certains passages comme l’adieu à sa mère sont absolument bouleversants, tout comme sa consomption “il n’est rien de plus violent au monde que l’amour”.
Il est pourtant question d’une grande douceur dans ces voix qui semblent miauler et ses couleurs pastel des tuniques de soie fluide -à la différence des lourds kimonos japonais- peintes de fleurs et autres motifs chinois.
Un moment plein de grâce, qui de surcroît, finit bien…
Opéra joué au Théatre du Chatelet en février 2013
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Le Bouvreuil pivoine
ou « l’oiseau fleur » à cause de sa flamboyante beauté rose saumon qui tire parfois sur le rouge vif coquelicot au niveau du ventre et de la gorge. Il est l’un des petits passereaux les plus populaires de nos régions . Il vit et se nourrit en couple, à la lisière d’un bois ou d’une haie. Il disparaît rapidement si on l’approche. Visiteur régulier des petits jardins, surtout dans les régions riches en vergers, il reste très discret, à l’abri de la végétation.
Le chant est à peine audible. C’est un bavardage faible et grinçant, entrecoupé de courts sifflements.
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Merveilleuses pivoines
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Les pivoines
Elle avait une robe où fleurissait, candide
La pivoine en bouquets, et je riais alors
De la voir si jolie. Ma main étreint le vide
Aujourd’hui, et mes yeux la cherchent au-dehors
Mais ils ne trouvent plus sa démarche légère
Qui faisait s’envoler les papillons soyeux
Dans l’azur délicat d’un matin de lumière
Où s’épanouissait son beau rire joyeux.
La pivoine languit au jardin délaissé
Et ses pétales lourds s’effeuillent sur la terre
Rien ne saura guérir mon âme solitaire…
Quand je pense à ce jour où elle m’a laissé,
Je revois le rosier où brillait la cétoine
Et, au jardin d’été, la splendeur des pivoines.
Michèle Corti
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Les PiVoiNes
A Suivre ……Histoire abrégée de Joseph Francis Rock dont le nom est lié à la
« Paeonia suffruticosa rockii »