La légende des flocons de neige

flocons

 

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Il était une fois, il y a longtemps, habitaient de petits moutons argentés dans le ciel ! St-Pierre les avaient adoptés pour passer le temps ! Il les surnommaient flow ou flo ! Cela voulait dire « enfants » car ceux-ci n’arrêtaient pas de courir et de jouer partout.

Ils étaient très doux mais aussi très capricieux. Parfois, ils allaient courir dans le ciel. Mais de petites étoiles restaient accrochées à leur laine. Un jour, Dieu décida d’emmener le froid au monde !

Mais les petits moutons, très capricieux et nécessitant un petit confort chaud et douillet, se mirent à courir dans tous sens sur les nuages ! Si vite que les étoiles se décollèrent de leur laine et tombèrent du ciel !

Dieu était très ravi et donna à ces petites étoiles blanches, le nom de flocon (mélange de flow et de moutons). C’est depuis ce jour qu’ on peut apercevoir des petits flocons tomber du ciel !!!

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Donna Donghong Zhang Art

© Donna_Zhang Nuzzling

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Donna Donghong Zhang est née dans la province de Jilin de Chine en 1958. Elle aimait l’art dès son plus jeune âge, se  souvenant qu’ enfant, elle savait donner une expression ludique aux souhaits de ses amis pour de nouvelles chaussures ou jouets en les dessinant sur le papier. 

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Plus tard, elle a poursuivi des études d’art pendant environ 13 ans, la réalisation de la maîtrise des techniques de gravure.

Donna est officiellement nommée en tant que professeur d’art, d’abord dans un institut de la Chine dans les années 1980, et pendant les années l990 elle a continué à se former à l’Université de Saitama au Japon où elle a obtenu une maîtrise ès arts.

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© Donna Zhang In Red

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Elle a elle a beaucoup voyagé dans des endroits tels que le Tibet, le Japon, l’Egypte et l’Australie et utilise le matériel recueilli dans ses voyages pour ses peintures.

 L’année 1999 a été cruciale pour Donna. 

Elle a accompagné un petit groupe dans une région éloignée du Tibet lors d’un voyage écologique dont le but était de préserver l’habitat d’un singe en voie de disparition. 

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© Donna Zhang Home on the River-

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Une fois l’intérieur du Tibet, elle est entrée en contact étroit avec ses peuples autochtones et a été immédiatement frappé par leur force, leur dignité et ouverture. Elle a été profondément émue par la soudaineté  et la chaleur de l’expérience, qui était en contraste marqué avec la réserve qui caractérise de nombreuses cultures urbaines. 

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© Donna Zhang  » My Little Friend « 

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Le voyage 1999 et deux autres voyages en 2001 et 2002 ont été source d’inspiration pour le travail  de Donna dans l’art du portrait, qui reflète mieux que les mots ne le pourraient ,la beauté profonde et de la résilience qu’elle voit dans les visages de ses sujets. 

Comme Donna dit simplement: «Leurs vêtements ne sont pas propres, mais leurs cœurs sont purs. »

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© Donna Zhang  » Preparing for the Distance »

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Déclaration de l’artiste:

« La relation entre la nature et la société humaine est complexe et étonnante en même temps. La nature de cette relation varie dans une certaine mesure en fonction de l’endroit où vous vous trouvez dans le monde. Chaque fois que je vais dans un nouvel endroit, j’aime toujours à placer à la fois la nature et la société humaine sous un microscope pour l’examiner. 

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© Donna Zhang « Colourful Veil »

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Je me retrouve toujours étonnée par toutes ces découvertes: Un nouveau sens de l’émerveillement, le mystère, et la réalisation soudaine. Ces sentiments m’excitent et m’inspirent  dans la manière de mettre mes sentiments sur la toile ».

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Poème en hommage aux moines qui se sont immolés

Deuil

Parce que vivre vous causait une détresse plus vive que la mort,
Vous voilà devenus des squelettes rougeoyants

La bouche de feu a remué
Les mains de feu se sont tendues
La poitrine du feu s’est exhibée
Le chapelet de feu s’est éparpillé à terre, perle à perle

Les petites volutes de fumée écarquillent les yeux
Et regardent les toits du monastère
Regardent les portes de chaque cellule monastique

En cet instant
Une tempête souffle sur ce coin de la prairie
Et elle souffle sur les autres coins de la prairie
Un troupeau noir et agressif approche doucement
Il suit la direction du vent

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un poème très récent, traduit du tibétain,

écrit spontanément un soir d’octobre 2011, et publié sur un blog tibétain

http://www.tibet-info.net/www/Deuil.html

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La danseuse aux mille pieds

Ma sœur la Pluie

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Ma sœur la Pluie,
La belle et tiède pluie d’été,
Doucement vole, doucement fuit,
A travers les airs mouillés.

Tout son collier de blanches perles
Dans le ciel bleu s’est délié.
Chantez les merles,
Dansez les pies !
Parmi les branches qu’elle plie,
Dansez les fleurs, chantez les nids
Tout ce qui vient du ciel est béni.

De ma bouche elle approche
Ses lèvres humides de fraises des bois ;
Rit, et me touche,
Partout à la fois,
De ses milliers de petits doigts.

Sur des tapis de fleurs sonores,
De l’aurore jusqu’au soir,
Et du soir jusqu’à l’aurore,
Elle pleut et pleut encore,
Autant qu’elle peut pleuvoir.

Puis, vient le soleil qui essuie,
De ses cheveux d’or,
Les pieds de la Pluie.

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Charles Van Lerberghe

(« La chanson d’Ève« , 1904 – Mercure de France)

Charles Van Lerberghe (1861-1907) est un poète et écrivain belge de langue française.

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La danseuse aux mille pieds

La danseuse aux mille pieds
Qui revient quand on s’ennuie,
Lorsque les rondins mouillés,
Sur les deux chenets rouillés,
Pleurent noir comme la suie,

C’est la pluie,
C’est la pluie.

La danseuse aux mille pieds
Qui revient quand on s’ennuie,
Quand les beaux jours oubliés,
Dans les bois et les sentiers,
Pleurent l’hirondelle enfuie,

C’est la pluie,
C’est la pluie.

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©Figaronron

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La danseuse aux mille pieds
Qui revient quand on s’ennuie,
Qui danse des jours entiers,
Dans nos âmes, sans pitié,
Le ballet des songeries,

C’est la pluie,
C’est la pluie.

La danseuse aux mille pieds
Qui revient quand on s’ennuie,
Quand les cœurs humiliés,
À l’automne résignés,
Se souviennent de la vie,

C’est la pluie,
C’est la pluie.

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Francis Yard,


La Légende des Papillons

Comment les papillons apprirent à voler 

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© Alma Tadema  » Spring « 1894

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Quand la Terre était jeune, aucun papillon ne volait ça et là dans les airs et n’illuminait les jours de printemps et d’été de leurs ailes portant les couleurs de l’arc-en-ciel. Il y avait des reptiles, qui furent les ancêtres des papillons, mais ils ne savaient pas voler ; ils ne savaient que ramper par terre.

Ces reptiles étaient magnifiques, mais le plus souvent les humains, lorsqu’ils se déplaçaient, ne baissaient pas les yeux vers la terre, aussi ne voyaient-ils pas leur beauté.

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© Johann Georg Meyer Von Bremen The Butterfly

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En ces temps-là, vivait une jeune femme qui s’appelait Fleur de Printemps et qui était une joie pour tous ceux qui la connaissaient.

Elle avait toujours le sourire et un mot gentil à la bouche, et ses mains étaient semblables au printemps le plus frais pour ceux qui étaient atteints de fièvre ou de brûlures. Elle posait ses mains sur eux et la fièvre aussitôt quittait leur corps.

Quand elle atteignit l’âge adulte, son pouvoir devint encore plus fort et, grâce à la vision qu’elle avait reçue, elle devint capable de guérir les gens de la plupart des maladies qui existaient alors.

Dans sa vision, d’étranges et belles créatures volantes étaient venues à elle et lui avaient donné le pouvoir de l’arc-en-ciel qu’ils portaient avec eux.

Chaque couleur de l’arc-en-ciel avait un pouvoir particulier de guérison que ces êtres volants lui révélèrent. Ils lui dirent que pendant sa vie elle serait capable de guérir et qu’au moment de sa mort elle libérerait dans les airs des pouvoirs de guérison qui resteraient pour toujours avec les hommes.

Dans sa vision, il lui fut donné un nom : « Celle-qui-tisse-dans-l’air-des-arcs-en-ciel ».

Tandis qu’elle avançait en âge, Celle-qui-tisse-dans-l’air-des-arcs-en-ciel continuait son travail de guérisseuse et dispensait sa gentillesse à tous ceux qu’elle rencontrait. Elle rencontra aussi un homme, un voyant, et elle le prit pour mari.

Ils eurent ensemble deux enfants et les élevèrent pour qu’ils soient forts, sains et heureux. Les deux enfants avaient aussi certains pouvoirs de leurs parents et eux-mêmes devinrent plus tard des guérisseurs et des voyants.

Tandis qu’elle vieillissait, le pouvoir de Celle-qui-tisse-dans-l’air-des-arcs-en-ciel grandit encore et tous ceux qui vivaient dans les environs de la région où elle habitait vinrent à elle avec leurs malades, lui demandant d’essayer de les guérir.

Elle aidait ceux qu’elle pouvait aider. Mais l’effort de laisser passer en elle tout le pouvoir finit par l’épuiser et un jour elle sut que le moment de remplir la seconde partie de sa vision approchait.

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© Edward Atkinson Hornel « The Captive Butterfly » 1905

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Tout au long de sa vie, elle avait remarqué que des reptiles magnifiquement colorés venaient toujours près d’elle quand elle s’asseyait par terre. Ils venaient contre sa main et essayaient de se frotter contre elle. Parfois l’un deux rampait le long de son bras et se mettait près de son oreille.

Un jour qu’elle se reposait, un de ces reptiles vint jusqu’à son oreille. Elle lui parla, lui demandant si elle pourrait faire quelque chose pour lui, car elle avait remarqué que lui et ses frères et soeurs lui avaient toujours rendu service.

« Ma soeur, dit Celui qui rampait, mon peuple a toujours été là pendant que tu guérissais, t’assistant grâce aux couleurs de l’arc-en-ciel que nous portons sur le corps.

A présent que tu vas passer au monde de l’esprit, nous ne savons comment continuer à apporter aux hommes la guérison de ces couleurs. Nous sommes liés à la terre et les gens regardent trop rarement par terre pour pouvoir nous voir. Il nous semble que si nous pouvions voler, les hommes nous remarqueraient et souriraient des belles couleurs qu’ils verraient.

 Nous pourrions voler autour de ceux qui auraient besoin d’être guéris et laisserions les pouvoirs de nos couleurs leur donner la guérison qu’ils peuvent accepter. Peux-tu nous aider à voler ? » Celle-qui-tisse-dans-l’air-des-arcs-en-ciel promit d’essayer. Elle parla de cette conversation à son mari et lui demanda si des messages pourraient lui venir dans ses rêves.

Le matin suivant il se réveilla, excité par le rêve qu’il avait fait.

Quand il toucha doucement Celle-qui-tisse-dans-l’air-des-arcs-en-ciel pour le lui raconter, elle ne répondit pas.

Il s’assit pour la regarder de plus près et il vit que sa femme était passée au monde des esprits pendant la nuit. Pendant qu’il priait pour son âme et faisait des préparatifs pour son enterrement, le rêve qu’il avait eu lui revint en mémoire et cela le réconforta. Quand le moment fut venu de porter Celle-qui-tisse-dans-l’air-des-arcs-en-ciel à la tombe où elle serait enterrée, il regarda sur sa couche et, l’attendant, se trouvait le reptile qu’il pensait y trouver.

Il le ramassa avec précaution et l’emporta.

Tandis que l’on mettait le corps de sa femme en terre et qu’on s’apprêtait à le recouvrir, il entendit le reptile qui disait : « Mets-moi sur son épaule à présent. Quand la terre sera sur nous, mon corps aussi mourra, mais mon esprit se mêlera à l’esprit de celle qui fut ta femme, et ensemble nous sortirons de terre en volant.

Alors nous retournerons vers ceux de mon peuple et leur apprendrons à voler de façon à ce que se poursuive le travail de ton épouse.

Elle m’attend. Pose-moi à présent. » L’homme fit ce que le reptile lui avait dit et l’enterrement se poursuivit. Quand tous les autres furent partis, l’homme resta en arrière quelques instants.

Il regarda la tombe, se souvenant de l’amour qu’il avait vécu. Soudain, de la tombe sortit en volant une créature qui avait sur ses ailes toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Elle vola vers lui et se posa sur son épaule. « Ne sois pas triste, mon époux. A présent ma vision s’est totalement réalisée, et ceux que j’aiderai désormais à enseigner apporteront toujours aux autres la bonté du coeur, la guérison et le bonheur.

Quand ton heure viendra de te transformer en esprit, je t’attendrai et te rejoindrai. »

Quand l’homme changea de monde, quelques années plus tard, et fut enterré, ses enfants restèrent en arrière après que tous les autres s’en furent allés. Ils remarquèrent une de ces nouvelles créatures magnifiques qu’ils appelaient papillons, voletant près de la tombe.

En quelques minutes un autre papillon d’égale beauté sorti en volant de la tombe de leur père, rejoignit celui qui attendait et, ensemble, ils volèrent vers le Nord, le lieu du renouveau. Depuis ce temps-là les papillons sont toujours avec les hommes, éclairant l’air et leur vie de leur beauté.

Si vous voulez que votre souhait se réalise, vous n’avez qu’à le souffler au papillon. N’ayant pas de voix, il ira porter votre souhait au ciel jusqu’au grand Manitou, où il sera exaucé.

( Légende amérindienne ).

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Les Papillons

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Les papillons couleur de neige
Volent par essaims sur la mer ;
Beaux papillons blancs, quand pourrai-je
Prendre le bleu chemin de l’air ?

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© Martin-Johnson-Heade 1819-1904 « Papillon Bleu « 

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Savez-vous, ô belle des belles,
Ma bayadère aux yeux de jais,
S’ils me pouvaient prêter leurs ailes,
Dites, savez-vous où j’irais ?

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© Martin Johnson Heade « Orchids and Hummingbird »

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Sans prendre un seul baiser aux roses,
À travers vallons et forêts,
J’irais à vos lèvres mi-closes,
Fleur de mon âme, et j’y mourrais.

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© Martin-Johnson-Heade

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Théophile GAUTIER

Recueil : « La Comédie de la Mort »

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©The butterfly. 1893. Obra de Luis Ricardo Falero

Alchimie du Verbe……

Alchimie du Verbe

© Ben Parks

À moi. L’histoire d’une de mes folies.

Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.

J’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d’église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l’enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.

Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n’a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de mœurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements. J’inventai la couleur des voyelles ! — A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. — Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d’inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l’autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.

Ce fut d’abord une étude. J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges.

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Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,

Que buvais-je, à genoux dans cette bruyère

Entourée de tendres bois de noisetiers,

Dans un brouillard d’après-midi tiède et vert !

 

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,

— Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert ! —

Boire à ces gourdes jaunes, loin de ma case

Chérie ? Quelque liqueur d’or qui fait suer.

 

Je faisais une louche enseigne d’auberge.

Un orage vint chasser le ciel. Au soir

L’eau des bois se perdait sur les sables vierges,

Le vent de Dieu jetait des glaçons aux mares ;

 

Pleurant, je voyais de l’or — et ne pus boire. —

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© Ben Parks

À quatre heures du matin, l’été,

Le sommeil d’amour dure encore.

Sous les bocages s’évapore

L’odeur du soir fêté.

 

Là-bas, dans leur vaste chantier

Au soleil des Hespérides,

Déjà s’agitent — en bras de chemise —

Les Charpentiers.

 

Dans leurs Déserts de mousse, tranquilles,

Ils préparent les lambris précieux

Où la ville

Peindra de faux cieux.

 

Ô, pour ces Ouvriers charmants

Sujets d’un roi de Babylone,

Vénus ! quitte un instant les Amants

Dont l’âme est en couronne.

 

Ô Reine des Bergers,

Porte aux travailleurs l’eau-de-vie,

Que leurs forces soient en paix

En attendant le bain dans la mer à midi.

© Ben Parks

La vieillerie poétique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe.

Je m’habituai à l’hallucination simple : je voyais très-franchement une mosquée à la place d’une usine, une école de tambours faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d’un lac ; les monstres, les mystères ; un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi.

Puis j’expliquai mes sophismes magiques avec l’hallucination des mots !

Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit. J’étais oisif, en proie à une lourde fièvre : j’enviais la félicité des bêtes, — les chenilles, qui représentent l’innocence des limbes, les taupes, le sommeil de la virginité ! Mon caractère s’aigrissait. Je disais adieu au monde dans d’espèces de romances :

 

Chanson de la Haute Tour

Qu’il vienne, qu’il vienne,

Le temps dont on s’éprenne.

 

J’ai tant fait patience

Qu’à jamais j’oublie.

Craintes et souffrances

Aux cieux sont parties.

Et la soif malsaine

Obscurcit mes veines.

 

Qu’il vienne, qu’il vienne,

Le temps dont on s’éprenne.

 

Telle la prairie

À l’oubli livrée,

Grandie, et fleurie

D’encens et d’ivraies,

Au bourdon farouche

Des sales mouches.

 

Qu’il vienne, qu’il vienne,

Le temps dont on s’éprenne.

 

© Ben Parks

J’aimai le désert, les vergers brûlés, les boutiques fanées, les boissons tiédies. Je me traînais dans les ruelles puantes et, les yeux fermés, je m’offrais au soleil, dieu de feu.

« Général, s’il reste un vieux canon sur tes remparts en ruines, bombarde-nous avec des blocs de terre sèche. Aux glaces des magasins splendides ! dans les salons ! Fais manger sa poussière à la ville. Oxyde les gargouilles. Emplis les boudoirs de poudre de rubis brûlante… »

Oh ! le moucheron enivré à la pissotière de l’auberge, amoureux de la bourrache, et que dissout un rayon !

Faim.

Si j’ai du goût, ce n’est guère

Que pour la terre et les pierres.

Je déjeune toujours d’air,

De roc, de charbons, de fer.

 

Mes faims, tournez. Paissez, faims,

Le pré des sons.

Attirez le gai venin

Des liserons.

 

Mangez les cailloux qu’on brise,

Les vieilles pierres d’églises ;

Les galets des vieux déluges,

Pains semés dans les vallées grises.

+

Le loup criait sous les feuilles

En crachant les belles plumes

De son repas de volailles :

Comme lui je me consume.

 

Les salades, les fruits

N’attendent que la cueillette ;

Mais l’araignée de la haie

Ne mange que des violettes.

 

Que je dorme ! que je bouille

Aux autels de Salomon.

Le bouillon court sur la rouille,

Et se mêle au Cédron.

 

Enfin, ô bonheur, ô raison, j’écartai du ciel l’azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d’or de la lumière nature. De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible :

Elle est retrouvée !

Quoi ? l’ éternité.

C’est la mer mêlée

Au soleil.

 

Mon âme éternelle,

Observe ton vœu

Malgré la nuit seule

Et le jour en feu.

 

Donc tu te dégages

Des humains suffrages,

Des communs élans !

Tu voles selon…..

 

— Jamais l’espérance.

Pas d’orietur.

Science et patience,

Le supplice est sûr.

 

Plus de lendemain,

Braises de satin,

Votre ardeur

Est le devoir.

 

Elle est retrouvée !

— Quoi ? — l’Éternité.

C’est la mer mêlée

Au soleil.

© Ben Parks

Je devins un opéra fabuleux : je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur : l’action n’est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque force, un énervement. La morale est la faiblesse de la cervelle. À chaque être, plusieurs autres vies me semblaient dues. Ce monsieur ne sait ce qu’il fait : il est un ange. Cette famille est une nichée de chiens. Devant plusieurs hommes, je causai tout haut avec un moment d’une de leurs autres vies. — Ainsi, j’ai aimé un porc.

Aucun des sophismes de la folie, — la folie qu’on enferme, — n’a été oublié par moi : je pourrais les redire tous, je tiens le système.

Ma santé fut menacée. La terreur venait. Je tombais dans des sommeils de plusieurs jours, et, levé, je continuais les rêves les plus tristes. J’étais mûr pour le trépas, et par une route de dangers ma faiblesse me menait aux confins du monde et de la Cimmérie, patrie de l’ombre et des tourbillons.

Je dus voyager, distraire les enchantements assemblés sur mon cerveau. Sur la mer, que j’aimais comme si elle eût dû me laver d’une souillure, je voyais se lever la croix consolatrice. J’avais été damné par l’arc-en-ciel. Le Bonheur était ma fatalité, mon remords, mon ver : ma vie serait toujours trop immense pour être dévouée à la force et à la beauté.

Le Bonheur ! Sa dent, douce à la mort, m’avertissait au chant du coq, — ad matutinum, au Christus venit, — dans les plus sombres villes :

Ô saisons, ô châteaux !

Quelle âme est sans défauts ?

 

J’ai fait la magique étude

Du bonheur, qu’aucun n’élude.

 

Salut à lui, chaque fois

Que chante le coq gaulois.

 

Ah ! je n’aurai plus d’envie :

Il s’est chargé de ma vie.

Ce charme a pris âme et corps

Et dispersé les efforts.

 

Ô saisons, ô châteaux !

 

L’heure de sa fuite, hélas !

Sera l’heure du trépas.

 

Ô saisons, ô châteaux !

 

Cela s’est passé. Je sais aujourd’hui saluer la beauté.

© Ben Parks est né et a grandi à Pasadena, Californie

Il préfère les films instantanés et les appareils photo d’époque avec des volets inexacts

photos © Ben Parks  « délires II: alchimie du verbe » 

Sorte de complainte, le poème de Rimbaud
reprend le thème shakespearien
de l’héroïne d’Hamlet, Ophélie, amoureuse d’un prince
et incapable de comprendre sa folle quête de la vérité.
Elle finit par sombrer dans la folie,
se croyant abandonnée par son amant,
et par se noyer de désespoir.

Ophélie

© Waterhouse Ophelia

Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
– On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d’elle;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d’où s’échappe un petit frisson d’aile:
– Un chant mystérieux tombe des astres d’or

© John William Waterhouse Ophélia, 1889

II

O pâle Ophélia ! belle comme la neige!
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté!
C’est que les vents tombant des grand monts de Norwège
T’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté ;

C’est qu’un souffle, tordant ta grande chevelure,
À ton esprit rêveur portait d’étranges bruits,
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l’arbre et les soupirs des nuits;

C’est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d’enfant, trop humain et trop doux;
C’est qu’un matin d’avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s’assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle!
Tu te fondais à lui comme une neige au feu:
Tes grandes visions étranglaient ta parole
– Et l’Infini terrible éffara ton oeil bleu!

© John Williams Waterhouse Ophelia

III

– Et le Poète dit qu’aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis;
Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

© John William Waterhouse « Gather Ye Rosebuds, or Ophelia » 1908

Ophélie dans l’ Art 

L’Apprenti Magicien

© Carl Spitzweg The Alchemist

Un conte d’été…

L’Apprenti Magicien 

Quand le diable eut emporté le docteur Faust, sa maison place Charles demeura vide : personne ne voulait y habiter et dès la tombée de la nuit, les gens l’évitaient. On disait que la maison était hantée.

Un étudiant n’éprouvait pas de crainte. Il vint à Prague de sa province et n’avait pas le moyen de payer un logement. Il eut l’idée de s’installer dans cette maison abandonnée que tout le monde fuyait : au moins y serait-il au calme.

Il y emménagea et fut tout content de jouir de tant de confort sans débourser un sou.

© Leon Brunin The Alchemist

L’intérieur de la maison était luxueux, tout était resté en place, tout comme au temps du docteur Faust: beau mobilier, cheminée en marbre, bibliothèque abondamment garnie …

Dans la chambre, il trouva un lit à baldaquin tout défait, comme son propriétaire l’avait abandonné quand le diable s’était saisi de lui. L’étudiant, fatigué et sans crainte, se coucha dans le lit et s’endormit d’un profond som­meil .

«Que les gens sont donc stupides», se dit-il le lendemain, en se levant tout satisfait. «Si le diable était présent, il ne m’aurait pas laissé dormir si tranquillement.»

Pendant qu’il s’habillait, il remarqua qu’une dalle était légèrement soulevée et il y appuya le pied. Un bruit sourd se fit entendre. Il se figea. D’un espace ouvert dans le plafond il vit descendre un escalier qui menait vers une pièce secrète. En appuyant sur la dalle, il avait déclenché un ingénieux mécanisme.

© Franck Mason Alchemist

L’étudiant monta l’escalier et se trouva dans une grande pièce, pleine de cornues et de récipients, recouverts de poussière, abandon­nés là depuis l’enlèvement du docteur Faust. Il sentit un courant d’air: dans le plafond il y avait un trou. Il comprit : il se trouvait dans le cabinet d’où, jadis, le diable avait emporté l’âme de Faust …

Partout traînaient des grimoires. L’étudiant scrutait les parche­mins couverts de signes mystérieux; n’y comprenant goutte, il interrompit sa lecture. Puis il remarqua sur la table une écuelle en pierre noire. Quelle ne fut pas sa joie lorsqu’il vit briller au fond un écu d’argent qui semblait fraîchement frappé.

Sans hésiter il s’empara de la pièce et s’en fut déjeuner. Il lui semblait que désormais rien ne pourrait l’empêcher de mener bonne vie. La maison était pleine d’objets qu’il avait tout loisir de négocier et ainsi de poursuivre sans souci ses études.

©Wyck Thomas An Alchemist

Il vécut dans la maison comme si elle lui avait appartenu depuis toujours.

Chaque jour, il trouvait un écu dans l’écuelle en pierre noire, et s’en emparait. Il ne cherchait pas à savoir qui, dans la maison vide, lui procurait cet argent. Sans doute un esprit bienfaisant. Il prit soin de bien couvrir le trou par lequel le diable avait emporté le docteur Faust, pour empêcher le froid et l’humidité de pénétrer dans le cabinet de travail, et ne s’en occupa plus. Il avait à manger, il pouvait s’acheter de beaux habits et tout ce dont il avait envie.

Il invita même des amis pour leur montrer toutes les merveilles qu’il avait découvertes dans la maison : au rez-de-chaussée, un tambour automatique se mettait à battre dès que quelqu’un mettait le pied sur une certaine dalle. Dans le jardin embroussaillé, près de l’entrée, une statue, sous l’impulsion d’un levier dissimulé dans le mur, aspergeait d’eau celui qui la regardait d’un peu près. Sur une grande table en marbre vert, un petit bateau, mû par des pagayeurs, se déplaçait comme sur une surface marine …

Les amis admiraient tout. L’étudiant ne leur montra pas une seule chose : l’écuelle noire où, chaque matin, le soleil faisait briller une pièce d’argent.

Au début, quand il trouvait son pécule, il se disait qu’il n’arriverait jamais à le dépenser. Mais à mesure qu’il s’habituait à l’opulence, un écu par jour ne lui suffisait plus. Il décida de consulter les livres du docteur Faust, restés dans le laboratoire, pour trouver le moyen magique de multiplier les écus. Il ouvrit l’un d’eux et se mit à invoquer le diable.

Pendant plusieurs jours, l’étudiant ne parut pas auprès de ses amis à l’auberge où ils avaient coutume de faire ribote. Ils résolurent de lui rendre visite.

Ils frappèrent à la porte, actionnèrent la cloche, appelèrent. Mais la maison restait muette. Les amis la contournèrent et escaladèrent le mur du jardin.

détail Un alchimiste dans son étude. © Egbert van Heemskerk

Ils parvinrent à l’entrée, où le tambour mécanique battit pour les accueillir. Mais ses coups résonnaient lugubrement dans le sombre passage. Ils traversèrent plusieurs pièces vides avant d’accéder au labora­toire ou régnait un grand désordre, comme si une bataille y avait eu lieu. Un grimoire aux parchemins déchirés gisait sur le sol auprès d’une chandelle noire, renversée avec son chandelier.

Et on respirait une âcre odeur de soufre …

©Un alchimiste dans son étude. Egbert van Heemskerk

En levant les yeux, les jeunes gens aperçurent dans le plafond un énorme trou. Épouvantés, ils se précipitèrent hors de la maison. Ils avaient compris que leur ami avait pactisé avec le diable et que celui-ci s’était emparé de lui.

La sombre demeure au coin de la place resta dès lors inoccupée pendant de longues années…

© L’Alchimiste. François-Marius Granet

Légende de Prague, Traduction d’Eva Janovcova

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Un spectacle d’ombres chinoises sur la musique de Paul Dukas –

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Arthur Rimbaud à 17 ans

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Alchimie du verbe

À moi. L’histoire d’une de mes folies.
Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie modernes.
J’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires ; la littérature démodée, latin d’église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l’enfance, opéras vieux, refrains niais, rythmes naïfs.
Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n’a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les enchantements.
J’inventai la couleur des voyelles ! – A noir, E blanc, I rouge, O bleu,
U vert. – Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattai d’inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l’autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.
Ce fut d’abord une étude. J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges.

Rimbaud © Rémy SAGLIER

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Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,

Que buvais-je, à genoux dans cette bruyère

Entourée de tendres bois de noisetiers,

Dans un brouillard d’après-midi tiède et vert ?

 

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,

– Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert !

Boire à ces gourdes jaunes, loin de ma case

Chérie ? Quelque liqueur d’or qui fait suer.

 

Je faisais une louche enseigne d’auberge.

– un orage vint chasser le ciel. Au soir

L’eau des bois se perdaient sur les sables vierges,

Le vent de Dieu jetait des glaçons aux mares ;

 

Pleurant, je voyais de l’or – et ne pus boire. –(…)

Arthur Rimbaud 

Rimbaud Alchimie du Verbe

http://www.azurs.net/arthur-rimbaud/rimbaud_textes_118.htm

Fantasia L’ Apprenti Sorcier 

 

l’ Eté

© Pierre Auguste Renoir « Summer Landscape »-1873


Bannières de Mai 

Aux branches claires des tilleuls
Meurt un maladif hallali.
Mais des chansons spirituelles
Voltigent parmi les groseilles.
Que notre sang rie en nos veines,
Voici s’enchevêtrer les vignes.
Le ciel est joli comme un ange.
L’azur et l’onde communient.
Je sors. Si un rayon me blesse
Je succomberai sur la mousse.

© Louis Aston Knight Country Women after Fishing on a Summer’s Day

Qu’on patiente et qu’on s’ennuie
C’est trop simple. Fi de mes peines.
je veux que l’été dramatique
Me lie à son char de fortunes
Que par toi beaucoup, ô Nature,
– Ah moins seul et moins nul ! – je meure.
Au lieu que les Bergers, c’est drôle,
Meurent à peu près par le monde.

© Racovskiy Nicolay « Summer »

Je veux bien que les saisons m’usent.
A toi, Nature, je me rends ;
Et ma faim et toute ma soif.
Et, s’il te plaît, nourris, abreuve.
Rien de rien ne m’illusionne ;
C’est rire aux parents, qu’au soleil,
Mais moi je ne veux rire à rien ;
Et libre soit cette infortune.

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Arthur Rimbaud, Derniers vers

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L’Eté

Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.
Il brûle tout, hommes et choses,
Dans sa placide cruauté.

Il met le désir effronté
Sur les jeunes lèvres décloses ;
Il brille, le sauvage Été,
La poitrine pleine de roses.

Roi superbe, il plane irrité
Dans des splendeurs d’apothéoses
Sur les horizons grandioses ;
Fauve dans la blanche clarté,
Il brille, le sauvage Été.

Théodore de Banville 

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Le Cygne Noir

©John Gould

La légende des cygnes noirs

Une légende qui nous vient tout droit d’une région d’Irlande
Dans un siècle ou il régnait la famine dans ces vastes landes.
Toute l’île est plongée dans une immense et dévastatrice misère,
Car tout le peuple sombra dans une effroyable crise alimentaire.

Là il y eu une très importante émigration vers les Etats-Unis,
Les gens fuyaient la faim, c’est le dépeuplement de tout le pays.
Ici prés d’un lac deux jeunes amoureux pas de la même religion
Dans une cabane cachaient leur tendre amour sans émancipation.

Ils vivent ainsi retranchés essayant d’échapper à la condamnation
De leurs poursuivants et bourreaux en cette violente révolution.
C’est un lac aux eaux profondes et entouré de verdoyants sapins
Où il règne un lourd silence ténébreux dans les brumes du matin.

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Leurs assaillants fracassaient la frêle porte de leur doux cabanon,
S’emparaient et ligotaient le jeune couple surpris en pleine relation.
Les poussant ainsi tout nus au bord de la rive qu’ils aimaient tant.
Ils s’embrassèrent encore une fois et sombrèrent dans le néant.

Depuis chaque nuit de pleine lune se passe un phénomène étrange
Dans les reflets bleutés des eaux, l’apparition de deux anges.
C’est un couple de cygnes noirs avec de belles plumes luisantes
Sous ce ciel étoilé par de myriades petites étoiles scintillantes.

Nageant côte à côte avec allégresse dans ce cadre merveilleux
Tout en se becquetant de leurs becs rouges comme des amoureux.
Revenant ainsi une fois par mois dans ce que fût leur paradis,
Gravant dans la mémoire de certains habitants comme lieu maudit.

 

Le Cygne noir

Le cygne noir est originaire d’Australie et de Tasmanie.

Au bec rouge ressemble au cygne tuberculé c’est la seule espèce de cygne dont le plumage ne soit pas blanc. Le Cygne noir est l’emblème de l’ouest de l’Australie. Sa silhouette noire figure sur le blason de cet état

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Les premières observations du Cygne noir (Cygnus atratus) furent réalisées par des navigateurs néerlandais en Australie, d’où cette espèce est originaire, et consignées en 1698 dans un ouvrage scientifique édité à Londres par Nicolas Witsen (1641-1717)

En 1864, il est également introduit en Nouvelle-Zélande.

Au cours   des XIXe et XXe siècles, il a été introduit dans différents pays à titre d’oiseau d’ornement des plans d’eau.

En territoire australien, il niche en colonies très denses contrairement au cygne tuberculé. Il fréquente les grands lacs généralement peu profonds.

Il a été introduit en Nouvelle-Zélande et dans des parcs en Europe dans les années 1960. Il vit autour des lacs, rivières, et marécages, mais aussi dans les eaux saumâtres.

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Chez les adultes, le bec est grand, rouge-orange, avec une barre blanche à son extrémité. Le plumage est entièrement noir. Les plumes du dos sont retroussées et le bout des ailes blanc est surtout visible en vol.
Les juvéniles sont semblables aux adultes mais leur plumage est plus terne et plus nuancé de brun

Le cri typique est claironnant, aigu, assez mélodieux mais pas très sonore. Il est émis aussi bien sur l’eau qu’en vol.

Le cygne noir est un oiseau répandu, capable de vivre dans presque tous les milieux humides. Lors de la saison de nidification, on le trouve surtout sur les grands lacs peu profonds, ou à proximité. Le reste de l’année, il fréquente aussi de petits étangs stagnants isolés, les « billabongs », des baies abritées ou des lagunes côtières saumâtres.

Le cygne noir est nomade et doté d’un vol puissant. Il peut aisément survoler les terres et sait faire étape sur les lacs ou les zones de culture inondées. Toutefois, là où la nourriture et les sites de nidification sont abondants, le cygne noir se montre casanier.

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Adult with Chicks in Australia

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Les cygnes noirs sont grégaires sauf à la période de reproduction où ils défendent leur territoire en faisant preuve d’une grande agressivité. Il arrive cependant que, sans constituer pour autant une colonie, les nids soient situés à faible distance les uns des autres.

Les cygnes noirs viennent rarement à terre car la brièveté de leurs pattes et la longueur de leur corps constituent un handicap et leur donne une allure peu élégante. Les cygnes noirs décollent et atterrissent moins que les autres cygnes car leurs courtes pattes ne leur permettent pas de s’élancer et de prendre de l’élan.

Le cygne noir ne se nourrit que de végétaux et ne capture insectes et autres invertébrés que par hasard. Il mange surtout en nageant en immergeant la tête et le cou pour atteindre les plantes sous la surface. En eau plus profonde, le cygne noir peut aussi basculer le corps, queue pointée en l’air et le cou étendu au maximum pour augmenter ses possibilités. Toutes sortes de végétaux sont consommées dont les lentilles d’eau et des algues.

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© Steve Morvell

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Sur les rives des lacs, le cygne noir patauge en mordillant les plantes s’offrant à portée de son long cou et de son bec puissant rouge.

Avant l’arrivée des européens, le cygne noir était répandu et commun dans toute l’Australie. Les colons le chassant pour sa chair, ses effectifs méridionaux s’effondrèrent.

Ce grand oiseau noir était une cible facile, surtout pendant la mue qui lui interdit le vol. Les populations des zones à l’écart continuèrent à prospérer, de même que celles introduites en Nouvelle-Zélande. Grâce à cela, une fois sa protection décidée, le cygne noir a pu rapidement reconstituer ses effectifs et a regagné la plupart du terrain perdu

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Cygne Noir aux Plumes Ondulées

Le Cygne noir  «Black Swan » est un film américain réalisé par Henry King et sorti en 1942 .avec Tyrone Power & Maureen O’Hara

Le Film «Black Swan » de 2010 Darren Aronofsky    

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©Anna Vinogradova

Nina est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Sa vie, comme celle de toutes ses consœurs, est entièrement vouée à la danse. Lorsque Thomas Leroy, le directeur artistique de la troupe, décide de remplacer la danseuse étoile Beth Mcintyre pour leur nouveau spectacle, Le Lac des cygnes, son choix s’oriente vers Nina.

Mais une nouvelle arrivante, Lily, l’impressionne également beaucoup. Le Lac des cygnes exige une danseuse capable de jouer le Cygne blanc dans toute son innocence et sa grâce, et le Cygne noir, qui symbolise la ruse et la sensualité. Nina est parfaite pour danser le Cygne blanc, Lily pour le Cygne noir.

Alors que la rivalité de Nina et Lily se mue peu à peu en une amitié perverse, Nina découvre, de plus en plus fascinée, son côté sombre. Mais s’y abandonner pourrait bien la détruire. »

Natalie Portman i « Black Swan. » (AP Photo/Fox Searchlight, Niko

Le Cygne Noir

 Sur les ondes appesanties, flottait un nuage de cygnes clairs.

 Ils laissaient un reflet d’argent dans leur sillage.

 Vus de loin, ils semblaient une neige ondoyante.

 Mais, un jour, ils aperçurent un cygne noir dont l’aspect étrange détruisait

l’harmonie de leurs blancheurs assemblées.

 Il avait un plumage de deuil et son bec était d’un rouge sanglant.

 Les cygnes s’épouvantèrent de leur singulier com­pagnon.

 Leur terreur devint de la haine et ils assaillirent le cygne noir si furieusement qu’il

 faillit périr.

 Et le cygne noir se dit : « Je suis las des cruautés de mes semblables qui ne sont pas

 mes pareils.

 « Je suis las des inimitiés sournoises et des colères déclarées.

 « Je fuirai à jamais dans les vastes solitudes.

 « Je prendrai l’essor et je m’envolerai vers la mer.

 « Je connaîtrai le goût des âcres brises du large et les voluptés de la tempête.

 « Les ondes tumultueuses berceront mon sommeil, et je me reposerai dans l’orage.

 « La foudre sera ma sœur mystérieuse, et le tonnerre, mon frère bien-aimé. »

 

Il prit l’essor et s’envola vers la mer.

 La paix des fjords ne le retint pas, et il ne s’attarda point aux reflets irréels des arbres 

 et de l’herbe dans l’eau ; il dédaigna l’immobilité austère des montagnes.

 Il entendait bruire le rythme lointain des vagues…

 Mais, un jour, l’ouragan le surprit et l’abattit et lui brisa les ailes…

 Le cygne noir comprit obscurément qu’il allait mourir sans avoir vu la mer…

 Et pourtant, il sentait dans l’air l’odeur du large…

 Le vent lui apportait un goût de sel et l’aphrodisiaque parfum des algues…

 Ses ailes brisées se soulevèrent dans un dernier élan d’amour.

 Et le vent charria son cadavre vers la mer.

  

Renée Vivien Brumes de fjords

©Kate Bergin

Le cygne noir est chargé d’un symbolisme occulte et inversé. Dans le conte d’Andersen « le camarade de voyage », une vierge ensorcelée et sanguinaire apparaît sous la forme d’un cygne noir.

Plongé 3 fois dans l’eau purifiante ce cygne devient blanc et la princesse est exorcisée

Chant du cygne

Le chant du cygne (expression d’origine grecque) désigne la plus belle et dernière chose réalisée par quelqu’un avant de mourir.

En art, il s’agit donc de la dernière œuvre remarquable d’un poète ou d’un artiste.

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Le Chant du cygne, gravure de 1655 © Reinier van Persijn

D’après la légende, un cygne  muet, sentant venir sa mort, chanta pour la première fois une mélodie de la manière la plus merveilleuse qu’il soit.

Selon la tradition, les cygnes chantent avant de mourir. Cette belle légende n’est qu’une invention des poètes et des anciens philosophes.
Elle remonte à l’Antiquité. Dans son Phédon, Platon attribue à Socrate l’invention des cygnes chantant « non par chagrin ou détresse mais parce qu’Apollon les inspire ».
Shakespeare fait plusieurs fois allusion au « chant du cygne ».

En réalité, les cygnes sont muets. Le cygne chanteur d’Islande produit bien un son vaguement musical mais c’est une exception.
Les espèces les plus communes arrivent à émettre un violent sifflement en cas de colère ou de danger.

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Cette légende est infirmée par Pline l’ Ancien  dans son Histoire Naturelle

Chant du Cygne  

Le Chant du cygne est une pièce de théâtre en un acte de Tchekhov , écrite en 1887.

Le Chant du cygne de Frantz Schubert est  un recueil posthume de quatorze lieder sur des poèmes de Ludwig Rellstab  et  Heinrich Heine  

Le Chant du cygne est un court-métrage de 1992 de Kenneth Brannagh d’après la pièce de Tchékhov

Le madrigal  The silver swan d’ Orlando Gibbons  reprend la légende :

The silver Swan, who living had no Note,
when Death approached, unlocked her silent throat.
Leaning her breast upon the reedy shore,
thus sang her first and last, and sang no more:
« Farewell, all joys! O Death, come close mine eyes!
« More Geese than Swans now live, more Fools than Wise. »

« Plus d’oies que de cygnes maintenant vivent, plus de fous que de sages »

 Au sens figuré, le terme est employé pour indiquer que l’on va prendre congé de personnes avec qui une période de temps a été partagée.

 Cette expression s’applique également aux personnages politiques dont on sent qu’ ils veulent réaliser une dernière grande action avant la fin de leur carrière.

 

© Steve Morvell

Librairie …Le Cygne noir de Robert Sabatier 

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Le Cygne

Le Cygne est le treizième mouvement du Carnaval des animaux de Camille SaintSaëns

Cette pièce est un solo très poétique de violoncelle soutenu par le piano

Inspirée par les cygnes qu’elle voyait dans les parcs publics et par le poème de Tennyson « The Dying Swan »,Anna Pavlova travaille avec le chorégraphe Michel Fokine pour créer en 1905 le fameux ballet solo maintenant associé au morceau de Saint-Saëns qu’il rebaptise La Mort du cygne

C’est en 1907 qu’a lieu la première à un gala de charité au théâtre Mariinsky, le 22 décembre. Saint-Saëns n’avait pas prévu cette fin tragique du cygne, qui ne meurt pas à la fin de son œuvre, qui était écrite en tonalité majeure

Anna Pavlova dans La Mort du cygne

Selon l’interprétation de Fokine, le cygne dans la danse de Pavlova est gravement blessé et est en train de mourir.

Serge Lifar crée aussi une Mort du cygne le 10 décembre 1948 à l’opéra de Paris  sur une musique de Chopin

 

Le Carnaval des animaux

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 Saint-Saëns composa l’œuvre au cours de ses vacances dans un petit village autrichien. Son but était de faire rire, sans tomber dans la puérilité, ce qui lui fut reproché, car on le considérait comme un compositeur sérieux. Créé par un groupe que dirigeait Lebouc, durant le Carnaval de Paris, à l’occasion du Mardi gras, il fut rejoué par la société « la Trompette » pour fêter la mi-carême.

Le compositeur interdit ensuite l’exécution publique de cette œuvre de son vivant. Il fallut attendre la lecture de son testament pour que l’œuvre soit rejouée en public. Seul la pièce intitulée Le Cygne était exclue de cette censure

Le final a été repris pour une séquence avec des flamants roses dans le dessin animé Fantasia 2000.


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Le Cygne.

Peut-être le mouvement le plus connu de toute la pièce, en tout cas le seul qui a l’honneur d’être parfois joué seul, c’est un magnifique solo de violoncelle soutenu par le piano, très poétique et sans doute sans humour ni caricature d’un quelconque excès de lyrisme propre aux cordes.

Le Cygne et la Princesse

ou La Princesse des cygnes au Québec est un film d’animation américain réalisé par un ancien directeur de l’animation de chez Disney : Richard Rich, sorti en 1994 et basé sur le ballet Le Lac des cygnes de Tchaïkovski. La musique est composée par Lex de Azevedo.

 

Le Cygne et la Princesse

Le cygne est un symbole de lumière dans beaucoup de cultures du monde. Dans le shamanisme, le totem du cygne est associé à l’amour, à l’inspiration, à l’intuition, à la grâce et à la beauté. Étant un oiseau aquatique, il est également associé aux émotions et à la spiritualité.

Les cygnes sont monogames et fidèles, et symbolisent l’amour éternel.

Cet oiseau a un plumage blanc, un long cou, un bec court et noir qui s’étend jusqu’aux yeux et de courtes pattes noires. Son envergure peut atteindre 3 mètres. Les cygnons ont un duvet gris qui devient plumage blanc après la première année.

Chant
Cygne tuberculé « drense, drensite, siffle, trompette »

. Son cri le plus fréquent est un ‘vhorr’ soufflé. Il émet parfois un ‘gaoh’ assez sonore, un peu comme les goélands. Son cri d’agressivité ressemble à un sifflement de serpent. 
Le cygne tuberculé est habituellement silencieux. Les sons émis ne portent pas très loin,  à cause de leur trachée droite.
Le son produit par les battements d’
ailes pendant le vol, a été décrit comme un vrombissement ou un bourdonnement musical. Il est très audible.

Habitat

A l’état sauvage ou en semi-liberté, le cygne tuberculé a besoin d’un territoire assez vaste (1,5 à 4 hectares), qui peut inclure un petit lac ou un étang en entier.

En hiver, il est commun sur les eaux maritimes. Il vit dans les baies bien abritées, les marais découverts, les lacs et les étangs, les cours d’eau et les zones côtières.
Distribution : le cygne tuberculé niche en Grande- Bretagne, au nord et dans le centre de l’Europe, au centre et dans le nord de l’Asie.

En hiver, il gagne l’Afrique du Nord, le Proche-Orient et la Corée. Il a été introduit avec succès en Amérique du Nord, où il est résident

Comportements

C’est un oiseau pas du tout timide. Il peut devenir agressif, surtout au moment de la nidification. Il a une démarche assez lourdaude et il se dandine. En hiver, le cygne tuberculé se nourrit de jour, en plongeant sa tête dans l’eau avec le cou tendu, quand la profondeur dépasse 45 cm, afin d’aller chercher les végétaux aquatiques au fond.

Nidification  

Les jeunes ont leur plumage complet à l’âge de 60 jours. Ils ne pourront voler qu’au bout de 4 ou 5 mois. Ils atteignent leur maturité sexuelle à l’âge de trois ans. Ils restent avec les parents jusqu’au printemps suivant, jusqu’à la période de reproduction. 

Le couple de cygnes tuberculé n’est pas uni pour la vie, contrairement à ce qui a souvent été dit. Le mâle peut avoir jusqu’à quatre partenaires, ou même  » divorcer  » pour une autre. Il est en général uni au moins pour une saison.

C’est le mâle qui fait le  » nid d’amour  » avec des roseaux ,des branchages . Dans le fond du nid , il dispose des petites branches , des feuilles et des plumes . La femelle pond 5 à 7 œufs de couleur bleu vert , puis elle les couve entre 35 à 42 jours . Le mâle l’aide à protéger son territoire . Il surveille le nid quand la femelle a trop faim et qu’elle est obligée de le quitter .

Les parents s’occupent beaucoup de leurs petits à leur naissance : la mère les porte sur son dos , la nuit elle les protège en les plaçant sous ses ailes ; le père protège toute la famille . Les petits naissent avec un duvet gris brun , leur plumage devient blanc au bout d’un an . Ils savent nager tout de suite  mais ils ne vont voler qu’au bout de 4 à 5 mois .

Les jeunes consomment la végétation coupée par les parents.
Il utilise des signes évidents pour communiquer avec ses postures. Durant la saison de nidification, le mâle se montre hautement territorial et agressif.

Dès qu’un intrus s’approche trop près du nid, animal ou humain, il adopte une attitude caractéristique, arrivant rapidement sur l’eau, cou et tête rejetés vers l’arrière comme un arc prêt à se détendre. Il forme aussi un arc avec les secondaires de ses ailes vers son dos.

Il peut infliger un douloureux soufflet avec ses ailes, contrariant la rumeur populaire disant que les cygnes ne peuvent pas  » mordre « …
Les jeunes cygnons en phase claire, blancs, sont parfois attaqués par leurs parents.
En revanche, les cygnes non nicheurs et les immatures sont grégaires toute l’année. Les couples dont la nidification a échoué, abandonnent leur territoire et rejoignent des groupes pour muer. 


Quand il nage, le cygne tuberculé positionne son cou en une courbe gracieuse, avec le bec pointé vers le bas, à l’opposé des autres cygnes et oies, qui gardent le cou bien droit et le bec levé.
Les cygnes qui vivent dans les zones froides migrent au sud pour l’hiver. Les sédentaires restent sur les aires de reproduction ou rejoignent des groupes qui hivernent. Parfois, ils se déplacent pour muer.

Le cygne nage en poussant l’une après l’autre ses pattes vers l’arrière , les palmes sont ouvertes .Puis il les ramène vers l’avant , les palmes sont repliées .

Le cygne vole .Pour décoller, il commence par courir sur l’eau : le cou en avant et les ailes ouvertes. A l’ amerrissage  , le cygne étale ses ailes et freine avec ses pattes écartées

Agitant ses grandes ailes, il  » marche  » sur l’eau avant de s’élever majestueusement. Il vole avec le cou et la tête bien tendus vers l’avant. Chaque battement d’ailes produit un bruissement ondulant et sonore lorsqu’il est en phase de vol, et ce son peut s’entendre à plusieurs dizaines de mètres. Ce bruit caractéristique remplace chez le cygne tuberculé, le cri d’appel existant chez les autres espèces. Il a une vitesse en vol de 85 à 88 km/heure. 

© PIOT

Nourriture

Le cygne tuberculé se nourrit essentiellement de matières végétales. Il pâture dans les zones herbeuses et les prairies humides. Il ne dédaigne pas les mollusques ou les insectes aquatiques, capturés à l’aide de son bec capable de filtrer la vase au travers des lamelles.

Légendes

Le Chevalier et le Cygne

La légende date du XII è siècle.

Un chevalier inconnu arrive, sur le rivage de Nimègue dans une barque remorquée par un
Cygne relié à l’embarcation par une chaîne d’argent.
L’empereur des lieux l’invite à rester, lui donne terre et titre « Baron de Bouillon ».
Le jeune homme accepte, consent à prendre noble épouse à condition de ne jamais l’interroger sur ses origines.
Mais un jour, l’épouse pose la question fatale ,  le cygne revient chercher le chevalier qui disparaît
sans que son nom soit révélé.

Le Chardonnet et le Cygne

– Tais-toi, petit babillard, disait le Cygne au Chardonneret ; tu me provoques à chanter, et tu sais que pour la suave mélodie de ma voix je n’ai jamais eu de rival chez les oiseaux !

Le Chardonneret continuait ses roulades, et le Cygne reprenait :
– Voyez l’insolent ! Si je ne t’humilie pas en chantant à mon tour, rends grâce à ma grande indulgence.
– Plaise à Dieu que tu veuilles chanter ! lui répondit l’oiseau musicien ; tu ravirais sans doute ceux qui t’écoutent en faisant entendre ces superbes roulades que personne n’a entendues, bien que ta voix soit plus célébrée que la mienne.

Le Cygne voulut chanter, et poussa un cri rauque.

C’est une belle chance d’arriver à la réputation sans mérite ; mais on est exposé à la perdre dès qu’on veut mettre ses talents à l’épreuve…

©Paolo Véronèse, Leda et le Cygne, 1585

Leda et le Cygne

Léda dans la mythologie grecque est l’épouse du roi déchu de Sparte, Tyndare. Zeus prend la forme d’un cygne pour la séduire. Une fois leur étreinte terminée, le cygne disparaît en laissant deux œufs d’où naîtront Hélène et Clytemnestre, et Castor et Pollux

Le mythe de Leda et le Cygne a beaucoup inspiré les peintres depuis la Renaissance

La Légende

La constellation du cygne serait l’aboutissement d’une union sacrée avec un Dieu. Zeus est amoureux de Léda, la belle épouse du roi Tyndare.

Pour séduire Léda, Zeus se transforme en cygne.
Un jour où Léda prend son bain dans la rivière, un beau cygne blanc vient nager près d’elle.
Soudain apparaît un aigle qui effraie le bel oiseau.
Le cygne se réfugie dans les bras de Léda.
L’union de Zeus et de Léda donne naissance à Hélène et Pollux.
Ce n’était, bien sûr qu’un stratagème mis au point par Zeus avec son comparse
Aquilas, transformé en aigle.

Cette constellation serait, d’après la légende, l’aboutissement d’une hiérogamie et d’un viol.

Constellation du Cygne

Une autre version de cette légende existe mais dans les deux cas
Zeus est le cygne perfide et amoureux
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Sully Prudhomme :

Le cygne

Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes,
Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil
A des neiges d’avril qui croulent au soleil ;
Mais, ferme et d’un blanc mat, vibrant sous le zéphire,
Sa grande aile l’entraîne ainsi qu’un blanc navire.
Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
Le courbe gracieux comme un profil d’acanthe,
Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
Tantôt le long des pins, séjour d’ombre et de paix,
Il serpente, et, laissant les herbages épais
Traîner derrière lui comme une chevelure,
Il va d’une tardive et languissante allure.
La grotte où le poète écoute ce qu’il sent,
Et la source qui pleure un éternel absent,
Lui plaisent ; il y rôde ; une feuille de saule
En silence tombée effleure son épaule.
Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,
Superbe, gouvernant du côté de l’azur,
Il choisit, pour fêter sa blancheur qu’il admire,
La place éblouissante où le soleil se mire.


Puis, quand les bords de l’eau ne se distinguent plus,
A l’heure où toute forme est un spectre confus,
Où l’horizon brunit rayé d’un long trait rouge,
Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,
Que les rainettes font dans l’air serein leur bruit,
Et que la luciole au clair de lune luit,
L’oiseau, dans le lac sombre où sous lui se reflète
La splendeur d’une nuit lactée et violette,
Comme un vase d’argent parmi des diamants,
Dort, la tête sous l’aile, entre deux firmaments

Les Iris …..

Iris – symbole d’un message heureux

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L’iris symbolise un message heureux. Les bouquets accompagnés d’iris sont en effet porteurs de bonnes nouvelles et seront parfaits pour célébrer un évènement festif.

L’iris est une plante vivace à rhizomes ou à bulbes de la famille des Iridacées (dont fait également partie le crocus, le freesia ou le glaïeul). Le genre Iris contient 210 espèces et d’innombrables variétés horticoles.

Un peu d’histoire

Iris a pour origine la mythologie grecque. Iris est le pendant féminin d’Hermès. Elle est la fille du Titan Thaumas et de la nymphe Electre, soeur des Harpies.

Messagère des Dieux et plus particulièrement servante et confidente d’Héra, l’arc-en-ciel lui servait de voie pour porter les messages. Une autre tâche d’Iris était de conduire les âmes des mourants vers les Enfers; elle symbolisait un fluide psychique d’origine divine.

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 Iris la déesse

A cause de ce célèbre homonyme, la plante possédait un caractère mystérieux et magique, héritage des Dieux et était liée au culte des morts en qualité de plante psychopompe, d’où sa présence dans les cimetières et diverses nécropoles.

Deux petites histoires

Une histoire raconte que les Dieux organisèrent une réunion de toutes les fleurs. Elles arrivèrent toutes dans leurs plus beaux atours sauf une, la plus malheureuse du Royaume des fleurs, qui parut dans une robe fripée et terne.

Héra, le coeur émut, lui dit: « Désormais, tu seras vêtue comme moi » et à la réunion suivante la petite fleur se présenta vêtue d’une éblouissante robe, composée de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Depuis lors, elle fut connue sous le nom d’iris, la fleur de l’arc-en-ciel.


Iris et Morphée

Un autre récit, à peu près semblable, raconte qu’un jour Junon invita toutes les fleurs pour l’anniversaire d’Iris.

De nouveau, elles vinrent dans leurs plus belles robes et s’amusaient bien, quand arrivèrent quelques retardataires vêtues de rouge, bleu, jaune et pourpre, ornées de joyaux resplendissants, mais personne ne leur porta attention, car elles n’avaient pas de nom. On décida de les appeler Iris parce qu’elles portaient les couleurs de l’arc-en-ciel.

La légende raconte qu’Iris purifiait Junon avec des parfums lorsque la déesse revenait des Enfers dans l’Olympe. Junon avait pour elle une grande affection, car elle ne lui apportait que de bonnes nouvelles.

Iris était représentée sous la figure d’une gracieuse jeune fille, auréolée des couleurs de l’arc-en-ciel, symbole du lien entre le ciel et la terre.

On appelle encore parfois le phénomène céleste de l’arc-en-ciel par le nom d’écharpe d’Iris. L’écrivain Voiture, en parlant d’une messagère de paix, dira au XVIIème siècle : « Il me semble qu’elle est votre Iris ». L’iris est également la fleur des artistes et des poètes.

Les iris sont synonymes de messages dans le langage des fleurs. C’est aussi le symbole de l’amour tendre et de l’amour conjugal à cause d’ Héra, épouse et mère de plusieurs Dieux.

Chez les Egyptiens, l’iris était le symbole de l’éloquence et du pouvoir; il faisait partie des 7 plantes sacrées utilisées dans les cérémonies religieuses. Il était gravé au front du sphinx et sur le sceptre des rois. A Babylone il était l’emblème de la royauté.

Chez les Etrusques, il était peint sur les vases rituels et les urnes funéraires.

hez les chrétiens, la fleur est interprétée de la façon suivante: les pétales verticaux sont les bases spirituelles de la foi chrétienne (Trinité) et les sépales sont les vertus humaines (la foi, l’amour et l’espérance).

Il est aussi symbole de pureté et de chasteté, au même titre que le lis (Lilium candidum ), et est consacrée à la Vierge Marie dans la peinture flamande.

 Il est l’emblème de la Reine des Cieux et de l’Immaculée Conception dans la peinture espagnol.

Iris Fresque Florentine

Chez les bouddhistes, il représente la trinité Tibétaine.

Chez les musulmans, l’Iris albicans est lié au culte des morts et sert à fleurir les tombeaux. Il fut amené en Espagne par eux pour cet usage.
Cet iris a continué son voyage jusqu’au Mexique avec les Conquistadores.

Selon de vieilles légendes Britanniques, dans les marais où croissent des Iris pseudacorus, il y avait des trésors cachés sous les rhizomes.

Ces légendes d’origine probablement celtique, font référence à l’initiation druidique, car les marais étaient un lieu de retraite et de recueillement.

© Jean Antoine Watteau  » Iris c’est de bonne heure, » vers 1719-1720

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En France, elle fut l’emblème de la monarchie.

La fleur de lys serait un ancien symbole des Francs, qui étaient originaires de Flandre où l’iris Faux-Acore ou iris jaune (Iris pseudacorus L.) poussait en abondance sur les rives de la Lys.

Clovis et son armée auraient échappé aux Wisigoths en se cachant parmi des iris d’eau. En reconnaissance à cette fleur, il l’a mise sur son blason.

Louis VII la transforma en lys et l’adopta dans ses armoiries.

De même, il a figuré dans les Armes de la monarchie Britannique de Edouard III à 1801.

L’iris est aussi l’emblème de la ville de Bruxelles, de Florence et du Québec. De nombreux peintres s’en inspirèrent et les jardins l’accueillent depuis très longtemps.

« La petite histoire de l’iris bruxellois…

La vallée de la Senne abrite Bruxelles depuis plus de 1000 ans… 

Avec les siècles, la ville basse s’est progressivement étalée vers les fonds marécageux mais au temps des Ducs de Brabant, les plaines marécageuses aux iris d’or cernaient l’enceinte bruxelloise…
Et cette modeste plante aquatique donna une belle victoire stratégique aux hommes du duc. En effet, ceux-ci étant du pays, ils savaient que l’iris ne pousse que dans quelques centimètres d’eau.

Dès lors, ils leur suffisaient de lancer leurs chevaux au galop dans la plaine inondée… en piétinant soigneusement les touffes d’iris.
Moins calés en botanique et enhardis par le galop insouciant des soldats bruxellois, leurs adversaires ne manquèrent pas de s’enliser »  ….

Et voila pour la légende…

Iris Pseudacorus

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Iris Pseudacorus ….. Iris des Marais

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C’est le nom scientifique de l’iris jaune, symbole de la région de Bruxelles-Capitale, reproduit abondamment (trams, métros, taxis, etc.) mais qui reste bien mal connu

En 1924, R. Cornette écrivait que « cette fleur a été choisie parce qu’elle croît dans les marais, tout comme la capitale pris naissance sur les bords marécageux de la Senne et de ses affluents »

C’est le 5 mars 1991 que le Conseil régional de Bruxelles-Capitale décidait de choisir un iris comme emblème de la région.

Un jardin d’iris a été aménagé dans l’ancien jardin botanique de Bruxelles, à côté de la seule sculpture en pierre appelée «La jeune fille sauvée des eaux»

 

« zen © Hokusai litsu hitsu» 1830-1834

Au Japon

L ‘iris est traditionnellement évoqué dans un grand nombre de poèmes et de pièces de théâtre ; sa fête est célébrée au mois de mai.

L’iris est tout à la fois associé au printemps, à la fécondité, mais aussi à la nostalgie, au passé lointain ; il symbolise également la virilité et les samouraïs, la forme des feuilles évoquant la lame de leur sabre (katana). Selon Calza, la sauterelle, insecte parasite qui grignote la feuille de l’iris, illustrerait le triomphe de la classe marchande sur le féodalisme mourant. Van Gogh s’est certainement inspiré de cette estampe pour ses fameux Iris de 1889

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Il existe aussi une symbolique de l’iris au Japon, où il est fleur nationale.

Il a un rôle purificateur et protecteur.

Des feuilles sont placées dans les bains pour protéger le corps contre les maladies et les mauvais esprits, sur les toits des maisons pour les protéger des influences pernicieuses du dehors et contre les incendies…

Dans le même dessein la plante est quelquefois cultivée sur les toitures de chaume; cette coutume date de l’époque des famines, où il était interdit sous peine de mort de planter dans le sol autre chose que des plantes servant à la nourriture.

Les iris ainsi consolidaient le toit en fixant le chaume et était un ornement de choix. Cette pratique est aussi connue des chaumiers européens

 
 Des iris ont été peints ou sculptés un peu partout

  – sur une fresque du palais de Minos à Cnossos,.

Knossos le Prince des Lys

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  – dans les arts décoratifs perses,

  – sur un bas-relief à l’Amber Palace près de Jaipur et au Taj Mahal à Agra en Inde,

  – à l’église Saint Germain des Prés (feuillage).

Ils sont présents dans de nombreux tableaux et tapisseries du moyen-âge et de la renaissance (attribut de la Vierge Marie), dans des natures mortes aux 17e 18e et 19e siècles. A la fin du 19e siècle, Van Gogh les a rendus célèbres par ses nombreuses compositions avec iris. Ils furent aussi un ornement favori de l’art nouveau (vases de Gallé et Daum.

© Daum cristal coupe iris


Ils sont encore présents dans l’art contemporain notamment en Allemagne.

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Certaines espèces sont très recherchées en parfumerie pour leur rhizome, dont on extrait l’essence d’iris et son principal composant, l’irone.

Ce sont Iris germanica avec surtout sa forme blanche plus connue sous le nom d’iris de Florence et Iris pallida, cultivé en Italie et au Maroc. Il semble que la mode de l’iris comme parfum ait été lancée par Catherine de Médicis.

Au  XVIIe siècle, on l’utilisait en poudre pour les cheveux : le rhizome était pilé, puis tamisé, donnant une poudre qui sentait très bon la violette propriété due à l’irone. Après avoir été un moment considéré comme démodé, l’iris entre toujours aujourd’hui dans la composition de nombreux parfums, associé aux notes florales ou comme note de fond.

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Iris Germanica Florentina poudre d’Iris

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Iris, la messagère des dieux, la déesse de l’arc-en-ciel, celle qui reliait le ciel et la terre, se retrouve tout naturellement sur les messages des hommes. C’est ainsi qu’elle a parfois figuré sur des timbres, dont voici quelques spécimens

. Sur ce timbre français, Iris est une splendide jeune femme, dont la nudité est à peine dissimulée par un léger voile. Ses ailes sont largement déployées. Elle porte fièrement le caducée. Un arc-en-ciel complète le tableau à l’arrière.

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Iris est aérienne, légère; elle symbolise la poste aérienne représentée par l’avion, en bas, et mentionnée clairement en haut.

La poste grecque aussi s’est emparée d’Iris. Sur ce timbre, elle est debout devant un fronton aux colonnes doriques. Sa tête est cernée d’un halo lumineux, des voiles légers la recouvrent à peine, ses ailes sont à demi dépliées, et elle porte majestueusement le caducée.

En Grèce, les iris plantés sur les tombeaux étaient censés rappeler Iris, guide dans l’autre monde.

Douze iris plantés près d’une maison protègent ses habitants.

Prendre un bain, le 5 mai, dans lequel on a placé 12 pétales d’iris met à l’abri des mauvais esprits et des maladies.

autres expressions

Iris de l’oeil

Diaphragme iris.

Pierre d’iris.

Ouverture, fermeture de l’iris (en photographie). 

En musique, Iris est un opéra composé par Pietro Mascagni.

En peinture, Iris est le nom donné par Vincent Van Gogh à deux de ses tableaux en 1889.

Iris est une bande dessinée, considérée comme un roman graphique en noir et blanc, de Comès 1991.

Iris est le titre d’un film réalisé en 2001 par Richard Eyre.

L’iris est un dispositif qui sert de bouclier à la Porte des étoiles dans Stargate

Iris est le nom de la chanson la plus connue du groupe Goo Goo Dolls

Iris  genre d’insectes de la famille des Mantidae (famille de la mante religieuse).

L’Iris est l’ancien nom grec de la rivière Yeşilırmak, en Anatolie centrale, c’est-à-dire dans l’actuelle Turquie

Botanique 

Iris Germanica

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L’iris est une plante vivace à rhizomes ou à bulbes de la famille des Iridacées (dont fait également partie le crocus glaieul ,freezia ).

Le genre Iris contient 210 espèces et d’innombrables variétés horticoles. On trouve souvent dans les jardins des Iris germaniques.

On trouve des iris dans tout l’hémisphère nord, aussi bien en Europe qu’en Asie, en Afrique du Nord et en Amérique du Nord

Le mot « iris » est un emprunt médiéval au latin iris, iridis, lui-même emprunté au grec Iris, Iridos désignant la messagère des dieux, personnification de l’arc-en-ciel. Le terme a d’ailleurs longtemps été employé pour désigner l’arc-en-ciel.

On le trouve associé à la fleur à partir du XIIIe siècle, en raison de la coloration de ses pétales, aux reflets irisés.

Vivaces, composées d’au moins deux catégories :

Les bulbeuses (type iris de Hollande)

Les iris à rhizome (type iris de jardin) possédant une tige souterraine (rhizome) charnue horizontale qui fait aussi office d’organe de réserve nutritive.

Iris est définit comme angiosperme, la fleur possède des parties mâle et femelle.

La fécondation se fait d’une plante à l’autre.

Il est indispensable d’avoir 2 fleurs de 2 plantes individuellement différentes (mais appartenant bien sûr à la même espèce) pour que se rencontrent les pollens et les ovules. Ce sont les insectes pollinisateurs qui assurent le rôle de la rencontre car les fleurs ne se déplacent pas !

Ces insectes nombreux sont par exemple l’abeille ou les papillons.

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© John Atkinson Grimshaw » Iris « 

Fleurs du Printemps